L'article suivant a été publié dans le journal canadien Le naturel à l'honneur, la France La Vie au Soleil, Le naturiste australien et de la Nouvelle-Zélande Vivez au naturel.

Le sarong : Le destructeur des mondes naturistes !

par Stéphane Deschênes en collaboration avec Michel Vaïs

Lors d'une récente visite dans une station naturiste en France, j'ai été frappée par la multitude de personnes portant des vêtements en dehors de la plage et de la piscine (la nudité était obligatoire dans ces endroits). Les femmes semblaient avoir une affinité particulière pour le sarong, également appelé écharpe ou paréo.

Mais le naturisme est une philosophie, pas seulement un code vestimentaire pour la plage ou la piscine. J'ai donc décidé de me renseigner pour mieux comprendre les raisons de ces sarongs.

Les premières explications étaient d'ordre pratique : "J'ai toujours quelque chose sur quoi m'asseoir". Mais est-il vraiment plus pratique de nouer soigneusement un sarong autour de la taille que de le draper négligemment autour du cou ou sur les épaules ? J'ai également remarqué que la plupart de ces femmes portaient une sorte de sac qui aurait facilement pu contenir le mince sarong. De toute évidence, l'aspect pratique ne semblait pas être une raison valable, et j'ai donc poursuivi mon enquête.

Lorsque j'ai approfondi le sujet, certaines ont admis qu'elles se sentaient mal à l'aise lorsqu'elles étaient nues alors que tant d'autres femmes étaient couvertes. Nous assistons aujourd'hui à la réintroduction du vêtement en tant qu'outil de gêne. Cela correspond au monde du textile, où le sarong est couramment porté par "pudeur" pour couvrir un maillot de bain.

Certaines ont expliqué qu'elles se sentaient plus attirantes enveloppées dans les couleurs et les styles du sarong. Nous voyons ici la réintroduction de la honte corporelle. Une femme a même déclaré qu'elle se sentait plus "féminine" lorsqu'elle portait un paréo. Imaginez que vous croyiez qu'un tissu est plus féminin que votre propre corps !

Bien sûr, comme tant de femmes se couvrent, il est prévisible que les hommes commencent à ressentir une certaine gêne et un certain embarras. Il n'est donc pas surprenant que les shorts soient très répandus parmi les hommes - un vêtement qui, sans chemise, ne tient pas chaud à celui qui le porte.

Marc-Alain Descamps, psychologue social français qui a écrit de nombreux traités sur le naturisme, a déclaré que "l'octroi visuel réciproque de la nudité complète désamorce la relation exhibitionniste/voyeur".1, En d'autres termes, une personne nue devant des personnes habillées peut se sentir quelque peu exhibitionniste et les percevoir comme des voyeurs. Cela crée un déséquilibre qui se traduit par un malaise émotionnel.

Un autre élément de la mentalité textile est la provocation. Même si ce n'est pas l'intention de la femme qui porte un sarong, cet aspect se manifeste rapidement. Lorsqu'elle marche, ses jambes sont exposées par intermittence et des aperçus occasionnels de son corps caché sont révélés à travers la fente de l'écharpe. Comme le savent les naturistes, et de nombreux textiles en conviendront, l'exposition partielle est bien plus érotique que la nudité complète.

Alors que la majorité des femmes n'enroulaient le sarong qu'autour de leur taille, certaines s'en enveloppaient tout le corps. Il s'agit là d'un signe évident de l'expansion de la redéfinition de la honte corporelle.

Bien que personne n'ait parlé de statut social, je soupçonne que cela finira par se produire (si ce n'est déjà fait). Porter le "bon" sarong ou démontrer sa richesse/son statut par des motifs/matériaux plus coûteux ne devrait pas tarder.

Il n'a pas été possible de déterminer combien d'entre eux étaient revenus à la mentalité textile par rapport à ceux qui n'avaient jamais atteint une perspective naturiste éclairée. Mais il est clair qu'un environnement où les gens autour de vous sont généralement habillés n'est pas propice à une adaptation réussie de la part de ceux qui sont nouveaux dans le mouvement.

Le paréo est comme un virus du monde textile. En apparence, il est inoffensif. Mais comme vous pouvez le constater, il peut facilement réinfecter nos esprits avec les attitudes négatives envers le corps humain que nous combattons. Il devient un outil de honte, de statut, d'attrait et de séduction. En tant que naturistes, nous devons rester vigilants face à ces incursions du monde extérieur. Nous devons les reconnaître et les arrêter avant qu'elles ne détruisent nos mondes en vidant notre philosophie de son sens.

La nudité n'est pas l'objectif du naturisme. Mais elle est un outil fondamental pour atteindre les objectifs du mouvement. Par respect pour les autres, nous devons nous efforcer de présenter notre moi complet, authentique et ouvert.

Citation originale du film Vivre Nu : "Le don visuel réciproque de la nudité intégrale désamorce le rapport exhibitionniste/voyeur.